Biographie

Née près du lac MacKay, dans le désert de Gibson, au centre de l'Australie, Linda Syddick a  été élevée à Kintore, au cœur de la communauté aborigène de Papunya, dont elle est devenue une des grandes artistes.

Très profondément ancrée dans la tradition du "Temps du Rêve" - temps mythique de la création du monde pour les Aborigènes, elle le célèbre selon  des techniques picturales traditionnelles : en particulier, en recourant au pointillé, caractéristique des peintures sur sol que les aborigènes réalisent à l'occasion des cérémonies en l'honneur de tel ou tel de leurs Grands Ancêtres. Parmi les siens, Linda compte les Hommes-Tingari qui, au Temps du Rêve, parcoururent tout le continent australien avec leurs femmes et de jeunes initiées, façonnant celui-ci, fondant divers sites sacrés et léguant aux hommes lois et coutumes. Ces Hommes-Tingari sont évoqués ici sous la forme de l'Emeu - divinité totémique du père de l'artiste, à qui la toile est dédiée. L'ancêtre-émeu y est représenté quatre fois par les paires de pattes à trois doigts qui, aux angles de la toile, indiquent, peut-être, les quatre points cardinaux. Les émeus  sont eux-mêmes rassemblés autour d'un point d'eau vu de haut (le cercle central) appelé Walakurritje : ce lieu  renvoie à un épisode particulier de la légende des Hommes-Tingari  : ce sont eux qui créèrent la pluie ; une fois créée, celle-ci se mit à ruisseler le long des rochers ; à la fin, elle s'accumula dans divers trous où  l’on peut encore trouver de ses eaux. Walakurritje est l'un de ces points d'eau sacrés...

Cette dimension traditionnelle de l'œuvre de Linda se double de manière très originale de la mise en scène de sa propre éducation chrétienne. En effet, l'artiste a été élevée dans un mission luthérienne et  elle orne très souvent ses toiles de symboles chrétiens, comme ici les croix qui alternent avec les émeus autour du point d'eau (son travail a d’ailleurs été présenté au Pape Jean-Paul II lors de sa visite officielle en Australie en 1995). Dans cette perspective, les trois doigts des pattes des émeus peuvent eux-mêmes se lire comme une évocation de la Trinité. Enfin, le choix des couleurs dorées donne aussi à l'ensemble l'apparence d'une coupole byzantine vue d'en bas. Vision aérienne d'un site aborigène et perspective inverse d'une coupole d'église se combinent donc ici en un syncrétisme étonnant qui rappelle avant tout la nature profondément religieuse de l'artiste.

Collections publiques:
• Musée des Confluences, Lyon
• Musée du quai Branly, Paris, France
• National Gallery of Australia, Canberra
• Art Gallery of New South Wales, Sydney
• Art Gallery of South Australia, Adélaïde
• Museum and Art Gallery of the Northern Territory, Darwin
• Berndt Museum of Anthropology, Australie Occidentale
• St Joseph’s Catholic Church, Hadleigh, Grande-Bretagne
• Linden Museum, Stuttgart, Allemagne
• The Richard Kelton Foundation, Santa Monica, U.S.A.