Biographie

Yalti Napangati est née en 1970 au sein de la communauté artistique de Papunya. Elle vit le plus souvent à Kiwirrkura et appartient au groupe des Pintupi, qui furent chassés de leurs terres ancestrales lors de la colonisation. Les Pintupi furent regroupés dans les centres de peuplement du désert central, c’est pourquoi ils vécurent longtemps dans la région de Papunya où la peinture aborigène contemporaine est née dans les années 1970. L’artiste emprunte ce vocabulaire iconographique aux peintures sur sol rituelles qu’avec d’autres initiées elle réalise pour commémorer le passage de ses Ancêtres sur ce site sacré et fêter la terre nourricière. Comme la plupart des peintres du Désert Occidental, Yalti Napangati a recourt au « dot painting », ou pointillisme. Ces œuvres témoignent de l’attachement des peintres aborigènes à leur territoire en se faisant référence à un site sacré créé, au Temps du Rêve, par des femmes-ancêtres qui parcouraient le désert. A chacune de leurs étapes, elles instauraient divers rites que les Aborigènes n’ont cessé depuis de célébrer.
Le site concerné se situe au sud-ouest de la communauté de Kiwwikura (Australie-Occidentale). C’est là qu’au Temps du Rêve, un groupe de femmes fit halte sur le chemin, pour camper et cueillir des baies comestibles, connues sous le nom de kampurarrpa ou raisin du désert du Solanum centrale, un petit arbuste. Ces baies peuvent être consommées
directement sur l’arbuste, mais sont parfois broyées en une pâte et cuites dans du charbon pour former une sorte d’étuve. Les femmes auraient ensuite poursuivi leur voyage vers l’est en passant par le site voisin de Wirrulnga, avant de se rendre au nord-est, jusqu’à Wilkinkarra (Lac Makkay).

Selon la tradition picturale du désert, Yalti Napangati donne l’apparence d’une vision satellitaire de son territoire, en proposant une cartographie très abstraite mêlant différents niveaux de lecture. Les différents motifs représentent la caractéristique géographique du paysage, ainsi que les buissons chargés de fruits et les fourrages de brousse que les femmes auraient collecté lors de leurs déplacements. Les formes en “U” symbolisent les ancêtres accompagnées de leurs coolamons (formes ovales) et batons à fouir (barres verticales). Le coolamon est un récipient servant à de multiples usages : la récolte des graines et des baies dans le désert ou le transport de l’eau. Généralement ils étaient donc liés à des activités traditionnellement féminines : surveillance des enfants et recherche de moyens de subsistance ; au même titre que le bâton à fouir, qui servait aussi bien à planter
qu’à récolter des racines. Les lignes de pointillés qui les lient entre eux symbolisent le chemin emprunté, alors que les lignes serpentines représentent, les traces laissées par le serpent vues du ciel. L’artiste se réfère au vocabulaire iconographique des peintures sur sol rituelles, qu’avec d’autres initiées, elle réalise pour commémorer le passage de ses Ancêtres sur ce site sacré et fêter la terre nourricière.