Originaire du désert central, Jack Ross Jakamarra est un des peintres les plus représentatifs de l' "école" de Yuendumu, "centre de peuplement" créé en 1955 au Nord-Ouest d'Alice Springs pour rassembler les aborigènes dont les terres avaient été confisquées par les entreprises blanches. Il évoque dans cette œuvre un épisode du Rêve de Pamapardu – littéralement, la "fourmi volante", en fait le termite.
Cet insecte est, à côté de certains esprits, des Hommes-Tingari et de divers autres représentants de la faune et de la flore australiennes, un des Grands Ancêtres du peuple aborigène.
A l'époque mythique de la création du continent, ces Grands Ancêtres ont émergé du magma originel pour façonner l'Australie, créer les tribus et instaurer lois, coutumes … et cérémonies religieuses destinées à célébrer le souvenir de leur action qu'ils léguèrent aux hommes sous la forme de rêves. D'où le nom de Temps du Rêve donné à cette période de création originelle.
Le Rêve des Termites est, lui, lié au territoire Warlpiri : au Temps du Rêve, les "fourmis volantes" l'auraient façonné en le parcourant en tous sens et y construisant les monticules qui leur servent de nids. Il est à noter qu'aujourd'hui encore les aborigènes recueillent les larves des termites pour les manger : les insectes participent donc très directement à la survie des tribus du désert. Ils sont célébrés aussi pour cela.
Les traces parallèles qui parcourent la toile symbolisent les traces laissées sur le sol par les termites au Temps du Rêve mais peuvent aussi se lire comme la carte d'un périple initiatique autour de sites sacrés (les cercles concentriques) : l'artiste s'est ici inspiré des peintures sur sol que les aborigènes réalisent selon une technique dite du pointillé lors de leurs cérémonies religieuses en l'honneur des Grands Ancêtres. D'ailleurs, le fond clair de l'œuvre évoque bien le sol du désert.
n y retrouve également le sens de la composition – ici très symétrique – qui préside aux peintures sur sol : mais alors que celles-ci peuvent couvrir des surfaces très étendues, la toile est évidemment de dimension réduite. Elle n'en donne pas moins l'idée de vastes étendues en proposant une vision "satellitaire" du territoire Warlpiri : celui-ci est en effet représenté comme s'il était vu de très haut dans le ciel.