Dans cette oeuvre, Sabrina Robertson représente le site sacré de Pirlinyarnu, situé à 165 km à l’ouest de Yuendumu, auquel est lié le Rêve (Jukurrpa) de l’Eau (Ngapa).
La légende raconte qu’au Temps du Rêve - le temps mythique de la création pour les Aborigènes, deux ancêtres faiseurs de pluie de la famille Jangala appelèrent de leurs chants la pluie et déclenchèrent ainsi un énorme orage. Celui-ci se mêla à un autre orage et se déplaça le long de différents territoires claniques. Il fut saisi par la suite par un ancêtre faucon brun (kirrkarlanji) qui le laissa s’abattre sur Pirlinyarnu où se forma un très grand marais (maluri). Ce marais existe toujours aujourd’hui et lorsqu’il pleut, des centaines de canards (ngapangarla) s’y regroupent.
Les multiples traits épais de couleur noir symbolisent pour les Warlpiri - le groupe familial de l’artiste - les cumulus qui se formèrent dans le ciel avant la tempête. Les lignes épaisses qui les contiennent et semblent onduler représentent quant à elles la puissance du ruissellement des pluies diluviennes sur le versant des collines couleurs ocre.
Comme la plupart des artistes du Désert Central, Sabrina Robertson a recourt au "dot painting", ou pointillisme, qui s'inspire des peintures sur sol traditionnellement réalisées à l'occasion de cérémonies rituelles. L’effet vibratoire qui en résulte donne l’idée même de la vie et rappelle que pour les Aborigènes, le Temps du Rêve n’appartient pas au passé, mais qu’éternel présent dont l’art et les rites religieux assurent la permanence, il est avant tout création continue et énergie.