Payu NAPALTJARRI

Sans Titre , 2019

Art : Aborigène
Origine : Papunya
Dimensions : 91 x 91 x 3 cm
Medium : Acrylique sur toile
Prix : VENDUE / SOLD
N° : 4053

Vivant à Kiwirrkura (à la frontière entre le Territoire du Nord et de l'Australie Occidentale), Payu Napaltjarri appartient au peuple Pintupi. La plupart de ses membres, chassés de leurs terres ancestrales par la colonisation avaient été regroupés dans les centres de peuplement du désert central et ont longtemps vécu dans la région de Papunya où la peinture aborigène contemporaine est née dans les années 1970. 

A côté d'artistes Arrernte ou Warlpiri, les Pintupi participèrent pleinement au développement de cette école tout en élaborant un style qui leur était propre : cercles concentriques et formes géométriques abstraites traitées avec la plus grande sobriété. Lorsqu'ils purent regagner leurs territoires sacrés, les Pintupi gardèrent cette manière de peindre dont l'œuvre de Payu Napaltjarri est  très représentative avec sa palette minimaliste et son graphisme à la fois savant et simple.

Généralement les artistes de Kiwirrkura évoquent le souvenir de Grands Ancêtres qui au temps du Rêve - la temps de la Création pour les Aborigènes - parcouraient les vastes étendues du désert australien. A chacune de leurs haltes, ils fondaient un site sacré et instauraient les cérémonies qui devaient s'y dérouler en leur mémoire. Cette toile évoque un Rêve lié au site sacré de Ngaminya (au sud-ouest de Kiwirrkura) où un groupe d’Ancêtres-femmes s’arrêta afin de réaliser des cérémonies. 

Ce faisant, elles ramassèrent également des baies surnommées “raisins du désert” ou “kampurara” en Pintupi. Ces raisins peuvent être mangés crus dès la récolte, ou bien écrasés pour former une pâte à pain ou bien encore séchés après avoir été fixés sur des bâtonnets. Ces fruits ont une valeur sacrée du fait qu’ils constituaient une ressource alimentaire rare dans un milieu hostile ; d’ailleurs, les Aborigènes disent que les gros rochers qui se trouvent à Ngaminya furent formés par d’énormes tas de “kampurara”.

Selon la tradition picturale du désert, Payu Napaltjarri donne à l’évocation de Ngaminya l’apparence d’une vision satellitaire qui propose une cartographie très abstraite mêlant différents niveaux de lecture. Tout d’abord, le cercle concentrique central représente Ngaminya, entouré de deux formes en “U” symbolisant deux ancêtres accompagnées de leurs bâtons à fouir et de leurs “coolamons” (paniers en bois sculptés où l’on entrepose les bébés mais aussi les baies ou encore de l’eau).

Les grands cercles tout autour sont d’autres sites évoqués par la légende, ils sont d’ailleurs entourés par des participantes. Les cercles concentriques reliés entre eux par des lignes de pointillés symbolisent les chemins empruntés pour aller d’un site à l’autre. Enfin, les plus petits cercles sont les “kampurara”.

L’artiste emprunte ce vocabulaire iconographique aux peintures sur sol rituelles qu'avec d'autres initiées elle réalise pour commémorer le passage de ses Ancêtres sur ce site sacré et fêter la terre nourricière.

Comme la plupart des peintres du désert, Payu a recourt au "dot painting", ou pointillisme. L’effet vibratoire qui en résulte donne l’idée même de la vie et rappelle que pour les Aborigènes, le Temps du Rêve n’appartient pas au passé, mais qu’éternel présent dont l’art et les rites religieux assurent la permanence, il est avant tout création continue et énergie.


Stéphane Jacob dirige la galerie Arts d’Australie • Stéphane Jacob. Expert en Art Aborigène, Membre de la Chambre Nationale des Experts Spécialisés en Objets d’Art et de Collection (C.N.E.S.), co-auteur du catalogue des collections du musée des Confluences de Lyon et du livre "La peinture aborigène". Il est signataire de la charte d’éthique australienne Indigenous Art Code, il s’attache depuis 1996 à faire connaître l’art et les artistes contemporains d’Australie.

Cette œuvre est accompagnée d'un certificat d'authenticité.