Elizabeth Marks NAKAMARRA

Sans Titre , 2008

Art : Aborigène
Origine : Région de Papunya
Dimensions : 61 x 153 x 3 cm
Medium : Acrylique sur toile
Prix : VENDUE / SOLD
N° : 4048

Originaire de Papunya au cœur du désert australien, Elizabeth Marks Nakamarra appartient à "La" communauté où la peinture aborigène contemporaine est née en 1970 sous l'influence de l'instituteur anglo-saxon Geoffrey Bardon. D'abord affaire d'hommes, la peinture fut rapidement aussi pratiquée par des femmes.

Comme dans beaucoup de communautés du désert qui regroupaient des populations éloignées de leurs territoires claniques traditionnels, les artistes composant celle de Papunya appartenaient à des ethnies différentes qui, tout en partageant un fond culturel et religieux commun, possédaient aussi leurs légendes, leur sensibilité et leurs manières propres de célébrer le Temps du Rêve. D'où la diversité des styles pratiqués.

L’artiste appartient à l’ethnie pintupi. Comme les peintres qui en sont issus, elle aime à représenter des territoires sacrés autrefois parcourus par ses Grands Ancêtres : ici, les alentours de Kalipinpa, un point d’eau sacré que remplit autrefois un formidable déluge.

Ici, c'est à un dessin très géométrique évoquant les "labyrinthes" des artistes pintupi qu’Elizabeth Marks a recouru pour mettre en scène le point d'eau sacré de Kalipinpa situé au Nord de Sandy Blight Junction, près de Kintore, son territoire natal. On raconte qu'au Temps du Rêve - le temps mythique de la Création pour les Aborigènes -  une gigantesque tempête accompagnée de nombreux éclairs éclata dans cette région. Il y eut des trombes d'eau qui remplirent les trous des rochers et qui formèrent de petits réservoirs.

Kalipinpa est l'un d'eux et l'on y célèbre toujours le souvenir de ce "déluge" bienfaisant par diverses cérémonies au cours desquelles sont dessinés sur le sol, dansés et chantés les nombreux "rêves" associés à ce site, notamment celui de l'eau, de l'éclair et de la pomme de terre du bush, élément essentiel de la nourriture des tribus de la région.

La région où se déroule ces cérémonies est ici présentée sous la forme d'une vue satellitaire très stylisée. Ce type de peinture insiste sur la dimension sacrée de l'endroit qu'elle évoque en éliminant volontairement tout élément figuratif ou "pittoresque" comme pour en préserver le mystère.

On notera d'ailleurs que la toile est officiellement dépourvue de titre comme si nommer était déjà révéler ce qui ne peut être connu que des initiés. Reste au spectateur occidental à se laisser emporter dans le monde onirique que l'œuvre exprime et à accepter de se perdre en pensées dans les mille anfractuosités spatio-temporelles de ce paysage droit issu du Temps du Rêve.