Proche parente des femmes artistes qui ont fait la renommée de l’école d’Utopia - Ada Bird Petyarre, Gloria Petyarre, Kathleen Petyarre et Emily Kngwarreye, Abie Loy Kemarre est née en 1972 au cœur du désert australien.
Dans cette œuvre, elle s’inspire des peintures corporelles utilisées par elle-même et les femmes de son clan pour célébrer les rites dont elles sont les gardiennes et qui commémorent leurs Grands Ancêtres (végétaux, animaux ou humains) et les épisodes du Temps du Rêve auxquels ils prirent part, créant sites et cérémonies sacrées, s’imposant comme autant de figures totémiques, et enseignant lois, coutumes et pratiques artistiques (danse, chant, peinture et sculpture).
Le fond sombre constituant l’arrière-plan de la toile semble évoquer la peau même de l’artiste, qui propose donc ici une sorte d’autoportrait indirect, assimilant le support de la toile à son propre corps peint pour célébrer ses totems personnels et claniques comme la « poule du bush » ou la « sensitive » en qui elle voit, par ailleurs, un symbole de sa propre timidité.
Cette « étude en gris métallisé » est composée d’une série de traits tracés à main levée et s’entrecroisant pour constituer la cartographie mystique des zones où ses ancêtres totémiques ont vécu et sont encore honorés.