Dennis NONA
Mutuk , 2008
Art : Aborigène
Origine : Ile de Badu
Dimensions : 513 x 216 cm
Medium : Eau-Forte
Prix : Edition épuisée / Sold out edition
VENDUE
/ SOLD
N° : DN150
éd./15Cette oeuvre est actuellement exposées à la Royal Academy of Arts de Londres dans le cadre de l\'exposition \"Australia\".La légende traditionnelle de Mutuk racontée par l\'artiste aborigène Dennis Nona est propre à Badu, l’île de l’artiste. C’est l’histoire d’un homme originaire du village d’Argan auquel il arrive malheur à cause de sa gourmandise et de son refus de partager la nourriture avec les hommes de son clan. A cette époque-là, les coutumes et les lois étaient très strictes. Chacun était obligé de partager avec les autres, et surtout avec les membres du Kwod, groupe d’hommes très respectés, composé d’un chef et d’autres leaders claniques.Tous les matins, Mutuk quittait la sécurité de sa maison dans un arbre pour aller pêcher, près du récif, à un endroit où il attrapait d’habitude beaucoup de vivaneaux et d’autres poissons. Les membres du Kwod entendirent parler de l’excellente pêche de Mutuk et se demandèrent pourquoi il ne la partageait pas avec ses voisins. Alors ils envoyèrent chez lui l’un des leurs pour déterminer exactement combien de poissons il pêchait. Sous la maison de Mutuk, on trouva un énorme tas d’arêtes de poissons, qu’on rapporta au Kwod en guise de preuve de sa gourmandise. Il fut décidé que la transgression de Mutuk serait punie, et les sorciers membres du Kwod chantèrent au-dessus des arêtes pour lui lancer un sort. Peu après, quand Mutuk partit pêcher, un gros vivaneau se détacha de sa pique et glissa sur le rocher pour retourner dans l’eau. Mutuk se jeta dans l’eau pour rattraper le poisson mais il fut pris et englouti par un énorme requin (Alup Aw Baidam). Le requin partit vers le nord, loin de Badu, dans la direction de Boigu. Prenant conscience de l’absence de Mutuk, les sorciers se réjouirent de voir que leur sort avait produit son effet et se mirent à préparer la cérémonie funéraire qui aurait lieu à Argan, le village de Mutuk. Dans le ventre du requin, Mutuk devinait d’après la température s’il nageait près de la surface ou tout au fond de la mer. A cause des courants, il faisait froid à la surface et chaud au fond. Lorsque le froid se prolongeait, c’est que le requin devait nager sur un récif. Mutuk avait été avalé alors qu’il tenait un coquillage Celalal. Il se servit de la coquille pour percer une ouverture dans le ventre du requin. Quand il sortit de l’animal, Mutuk se retrouva dans l’eau jusqu’à la taille, face à une île qui n’était autre que Boigu. Comme face à tous les étrangers arrivant sur l’île, les habitants de Boigu lui furent d’abord hostiles, jusqu’à ce qu’il soit reconnu par une femme de Badu qui avait épousé un homme de Boigu. C’était en fait la sœur de Mutuk.Plusieurs jours après l’arrivée de Mutuk, les gens de Boigu décidèrent de le ramener à Badu. Quand ils furent partis à bord d’un canoë dirigé par des guerriers de Boigu, la sœur de Mutuk vit beaucoup de renards volants se diriger vers Nagir, au sud-est. Dans le Détroit de Torres, ces mammifères sont associés à une magie très puissante. Leur apparition est désignée localement par le mot Patcap. La formation et l’orientation des renards volants étaient le signe qu’il allait arriver malheur à Mutuk durant son retour à Badu. La sœur de Mutuk fut épouvantée par ce mauvais présage. Quand Mutuk revint à Badu, les villageois d’Argan furent inquiets et surpris car les préparatifs de sa cérémonie étaient en cours. Le Kwod décida qu’il serait décapité, et ainsi finit Mutuk.Cette légende est une leçon destinée à inculquer aux insulaires de Badu l’importance du partage, du respect des lois et coutumes, et les conséquences de toute transgression.Sur cette gravure, on voit Mutuk dans le ventre du requin tenant le coquillage, et aussi sur le dos de la bête, représentation du voyage retour de Boigu à Badu. Le Kwod est représenté par les six coquillages sous la nageoire dorsale. Le vivaneau qu’a pris Mutuk est représenté dans la gueule du requin d’où sortent les mains de Mutuk. Les trois esprits en forme de renard volant sont visibles sur le dos du requin, avec des pagaies et des masques traditionnels. Différents attributs royaux apparaissent sur les trois personnages, notamment leur queue qui reflète le Sagi pendu aux jupes de fibres traditionnelles. Un lamantin apparaît dans l’élément circulaire en dessous du premier renard volant ; c’est l’un des principaux totems de Boigu. Deux rémoras sont attachés au ventre du requin ; ils étaient utilisés pour la chasse au lamantin et à la tortue.Les quinze renards volants qui suivent le requin sont ceux qu’a vus la sœur de Mutuk, à son grand désespoir, alors que Mutuk quittait Boigu pour regagner Badu.Stéphane Jacob dirige la galerie Arts d’Australie • Stéphane Jacob. Expert en Art Aborigène (C.N.E.S.), co-auteur du catalogue des peintures aborigènes des collections du musée des Confluences de Lyon et de l\'ouvrage \"La peinture aborigène\" aux nouvelles Editions Scala. Il est signataire de la charte d’éthique australienne Indigenous Art Code, il s’attache depuis 1996 à faire connaître l’art et les artistes australiens aborigènes contemporains d’Australie.