Australie : le jeune homme et la mer L'oeuvre gravé de Dennis Nona

L’Ambassade d’Australie présentera, du 7 avril au 7 juin 2006, une exposition monographique inédite de l’œuvre de l’artiste australien Dennis Nona, montré pour la première fois en France. Cette exposition est organisée par l’Etat du Queensland représenté par le Queensland Indigenous Arts Marketing and Export Agency, Brisbane (QIAMEA) en partenariat avec The Australian Art Print Network, Sydney. Son commissariat est confié à Stéphane Jacob, spécialiste français de l’art
aborigène (galerie Arts d’Australie•Stéphane Jacob, Paris). L’exposition présentera le travail récent de cet artiste contemporain issu de l’une des deux communautés « indigènes » d’Australie, celle des insulaires du Détroit de Torres (nord du continent). Elle s’organisera autour d’une cinquantaine d’œuvres graphiques, sculptures et installations. Combinaison onirique de représentations totémiques traditionnelles souvent centrées sur la mer
(tortues, poissons, langoustes), d’inventions de formes et de personnages évoquant Jérôme Bosch et de subtiles arabesques en toile de fond de ses histoires, l’œuvre de Dennis Nona a été à juste titre qualifié par le critique d’art Nicolas Rothwell, du quotidien national « The Australian », de « travail le plus intrigant de la capitale du Nord ∗». Refusant de produire de banales images exotiques de poissons ou créatures marines pour touristes, l’artiste applique les dessins appris des sculpteurs traditionnels sur masque à l’évocation originale des légendes du passé épique du Détroit de Torres et de la Papouasie-Nouvelle-Guinée voisine, faisant de ses œuvres de véritables « chansons de gestes » où la reprise de motifs claniques crée un effet d’unification esthétique. Au delà de sa dimension plastique, Dennis Nona conçoit également son œuvre graphique comme une « défense et illustration » de la culture de sa région natale. Les dessins complexes et l’imagerie figurative audacieuse qu’il crée constituent aujourd’hui l’élément central d’un renouveau culturel, les Anciens s’y référant pour relater leurs contes aux plus jeunes. Contrairement aux sculptures traditionnelles qui mettent encore de nos jours l’accent sur un seul élément d’un mythe ou d’une légende, les gravures de Dennis Nona démultiplient à l’infini les avatars
des êtres représentés : guerriers, chasseurs de têtes cannibales, ou encore sorciers et sorcières s’étant métamorphosés en créatures marines et qui, au moment de mourir, sont devenus les îles et les affleurements rocheux qui forment le Détroit de Torres actuel. En utilisant un nombre important de plans visuels et symboliques, l’artiste met en valeur aussi bien des thèmes traditionnels que des événements contemporains. La richesse de ses œuvres réside ainsi dans la multiplicité des niveaux de lecture possible.
∗ en référence au Telstra National Aboriginal and Torres Strait Islander Award en 2005 à Darwin, la plus prestigieuse manifestation australienne équivalente aux « Oscars© de l’art aborigène ».

07 avril - 07 juin 2006